La conquête de l’Algérie. La dernière campagne d’Abd el-Kader, de Jacques Frémeaux

La conquête de l’Algérie. La dernière campagne d’Abd el-Kader, Jacques Frémeaux, Biblis, n°211, mai 2019, 307 pages.

Cet ouvrage très pointu traite des deux années qui séparent Sidi Brahim en 1845 de la reddition d’Abd el-Khader en 1847. Il s’agit donc d’une analyse détaillée des opérations militaires qui mettent particulièrement face à face Abd el-Kahder et Bugeaud.

Les opérations militaires, décrites de façon minutieuse, nous font parcourir le territoire de l’Algérie, de la frontière marocaine jusqu’en Kabylie. On regrette à ce sujet que les cartes soient si peu nombreuses et à la limite de la lisibilité. Les opérations sont étudiées tant du point de vue stratégique que tactique, en tenant compte des impondérables qui bouleversent régulièrement les plans échafaudés. Elles sont de même resituées dans le contexte international, notamment à propos des relations avec le Maroc, base arrière d’Abd el-Khader, et national pour les tensions entre le gouvernement et l’opposition au Parlement (Lamartine, Tocqueville).

C’est, d’une façon générale, l’occasion de montrer les tensions entre responsables militaires, entre militaires et « européens » d’Algérie (notamment celles de Bugeaud vis-à-vis de colons qu’il estime incapables de se défendre), entre militaires et autorités civiles. De nombreuses figures d’acteurs du conflit, sont présentées : les erreurs du lieutenant colonel de Montagnac à l’origine du désastre de Sidi Brahim, Bugeaud bien sûr, mais aussi La Moricière, Cavaignac, le duc d’Aumale, Yusuf, Soult, Guizot etc.

La description des opérations souligne la violence de la conquête, le sort des prisonniers, la permanence de la résistance d’Abd el-Khader mais aussi de Bou-Maza.

L’ouvrage nous permet de rentrer dans le jeu complexe des différents acteurs de la guerre, tant à l’échelle locale que nationale et internationale.

Le professeur d’Histoire en classe de Première n’aura sans doute pas besoin de se plonger dans le détail des opérations, mais la consultation de certains chapitres peut lui apporter de précieuses informations : portait de Bugeaud, d’Abd el Kadher (chef de guerre, chef d’Etat, chef spirituel), de Yusuf ; rappel dans les 50 premières pages des événements qui précèdent le cadre historique de l’ouvrage (essentiellement les années 1845-1847). La réflexion sur les rapports entre l’Histoire et les mémoires peut être abordée à travers les pages traitant de Sidi Brahim.

Fiche réalisée par Claude Basuyau

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