Lettre au président de la République de M. Jean-Philippe Ould Aoudia, Président de l’Association des Amis de Max Marchand et Mouloud Feraoun et de leurs compagnons

Lettre au Président de la République de M. Jean-Philippe Ould Aoudia, Président de l’Association des Amis de Max Marchand et Mouloud Feraoun et de leurs compagnons, dans laquelle il regrette qu’il n’y ait eu aucun représentant du Ministère de l’Éducation nationale lors de l’hommage annuel rendu aux 6 dirigeants des Centres sociaux éducatifs en Algérie assassinés par l’OAS le 15 mars 1962.

Monsieur le Président de la République,

Pour la première fois depuis mars 2002, le ministre de l’Éducation nationale ne s’est pas fait représenter à l’hommage annuel, rendu vendredi 16 mars, devant la plaque commémorative apposée à l’entrée de la salle Marchand-Feraoun de l’Hôtel de Rothelin-Charolais (101 rue de Grenelle, Paris-VIIè ) et inaugurée le 12 décembre 2001.

J’ajoute que le ministre avait, il y a un mois, donné pour instruction à sa Direction de l’enseignement scolaire de le représenter au colloque organisé par notre association, ce même 16 mars, sur le thème Enseignement de la musique en Algérie avant l’indépendance.

Aucun personnel du ministère n’est venu le représenter.

Depuis seize ans, à une date voisine du 15 mars, une cérémonie officielle s’y déroule afin d’honorer le souvenir de six dirigeants des Centres sociaux éducatifs en Algérie, assassinés collectivement le 15 mars 1962 à Alger, sur leur lieu de travail, dans l’exercice de leurs fonctions, « victimes de leur engagement pour les valeurs de la République et pour l’indépendance de l’Algérie dans une relation fraternelle avec la France », texte gravé sur la plaque.

Ce service de l’Éducation nationale a été créé par la déportée résistante Germaine Tillion, entrée au Panthéon le 27 mai 2015. Elle a déclaré à plusieurs reprises que cette initiative était l’œuvre de sa vie dont elle était la plus fière et l’a montré en étant présente, à près de 95 ans, lors du dévoilement de la plaque commémorative précitée.

L’association que je préside se félicite qu’un événement placé sous votre haut patronage soit prévu le 7 juin prochain à l’occasion du dixième anniversaire de sa mort.

Les six membres des Centres sociaux éducatifs ont été liquidés par l’OAS, une organisation qualifiée de terroriste par la Justice, et qui voulait maintenir la colonisation en Algérie en s’opposant, par le crime à grande échelle, à la signature des Accords d’Évian.

En n’associant pas son administration à la célébration de la mémoire de fonctionnaires ayant respecté la directive de Mme Tillion : « …donner au Service une impulsion conforme aux grandes traditions de l’Education nationale française », le ministre a pris le risque de susciter interrogations et incompréhension au sein d’une association qui, répondant à votre souhait d’une coopération nouvelle avec l’Algérie, a organisé à Alger, le 8 mars dernier, un colloque auquel des universitaires français et algériens ont participé.

C’est notre façon de contribuer, à la mesure de nos moyens, à ce climat favorable dans les relations culturelles et amicales entre les deux pays, tel que vous l’appelez de vos vœux.

Certes, Monsieur Jean-Michel Blanquer a déclaré sur France Inter : « …je ne suis pas […] un fanatique de la commémoration ». Mais l’Histoire de la France ne s’est- elle pas construite à partir d’événements marquants, que les futurs citoyens doivent apprendre durant leur scolarité pour se les rappeler à l’âge adulte et en entretenir le souvenir par des cérémonies ?

Le ministre de l’Éducation nationale a rompu avec le principe de continuité mémorielle qui prévalait depuis seize ans.

Ne pas rendre honneur à des victimes de l’OAS, dont un inspecteur d’académie, équivaut à cautionner ceux qui, pour maintenir la colonisation, n’ont pas hésité à tenter de renverser la République par le putsch militaire et par les tentatives d’abattre le chef de l’État, le général Charles de Gaulle.

Je suis certain que vous prendrez toute la mesure d’une attitude qui semble bien relever d’un positionnement personnel empreint de partialité.

Je vous prie de croire, Monsieur le président, à ma très haute considération.

Docteur Jean-Philippe Ould Aoudia
Président de l’association Les Amis de Max Marchand, de Mouloud Feraoun et de leurs Compagnons
http://max-marchand-mouloud-feraoun.fr/

 

 

ACTUALITÉ AUTOUR DE LA GUERRE D’ALGÉRIE : CALENDRIER MARS 2018

Du 8 au 11 mars 2018, du jeudi au samedi à 20h30 et le dimanche à 17h
Diffusion prochaine d’un spectacle sur la guerre d’indépendance algérienne et ses répercussions sur la société française : « Du sable & des Playmobil® ». La création de ce spectacle nous a engagés, les comédiens et moi-même, sur un temps long, un temps de recherches, un temps de voyage aussi. Comme des sismographes, nous avons capté ce qui restait de cette guerre en France et en Algérie. Ce spectacle sera joué au théâtre de l’Opprimé du 8 au 11 mars 2018, du jeudi au samedi à 20h30 et le dimanche à 17h.
Voici le lien vers le site du théâtre: http://www.theatredelopprime.com/evenement/dusabledesplaymobil/


Jusqu’au 10 mars 2018
Présentation de la pièce De nos frères blessés au Théâtre des Déchargeurs à Paris (3 rue des déchargeurs 75001 Paris métro Châtelet) du mardi au samedi 19 h, Cette pièce s’inspire du roman éponyme de Joseph Andras et raconte l’histoire vraie de Fernand Yveton, seul Français, militant communiste, condamné à mort et guillotiné durant la guerre d’Algérie.


16 mars 2018
Mairie d’Ecuisse ( Saône et Loire) 14h30 conférence animée par Daniel Sorg. De la décision du Roi de France, Charles X en 1830 aux accords d’Evian en 1962.


Samedi 17 mars au Salon du Livre de Paris
De 15h à 17h sur le stand des éditions Bleu Autour (stand F 67) : cinquante écrivains et intellectuels livrent un récit personnel de leur scolarité dans le système éducatif français. L’ouvrage montre que l’école de l’Algérie française coloniale fut un espace de normativité mais aussi un lieu d’ouverture à l’autre dans lequel les enseignants ont joué le rôle de passeur.


Lundi 19 Mars 2018
Commémoration du cessez-le-feu ayant mis fin à la guerre d’Algérie. Cérémonies nationales à Paris; 16H30 au Mémorial du Quai Branly et à 18H 30, ravivage de la Flamme sous l’Arc de Triomphe.


Du 20 au 25 Mars 2018
« La Bleuite » , l’autre guerre d’Algérie. Un film de Jean Paul Mari sélectionné au FIGRA « compétition internationale Terre d’Histoire » Saint Omer du 20 au 25 mars. Bientôt sur France 5 et Public Sénat.


26 mars 2018
Participation de Tramor Quéméneur dans l’émission de Franck Ferrand « Au cœur de l’histoire » de 14h à 15h sur Europe1. « Les Appelés dans la guerre d’Algérie ».


27 mars 2018
Conférence du mardi 14h30 au CANOPE 55 rue Notre Dame de Recouvrance Orléans ou Musée des Beaux Arts : André Gide et l’Algérie (1894-1904) par B. Sasso, Professeur d’histoire.


Vendredi 30 mars 2018
Guerre d’Algérie, la raison l’emportera
Rencontre avec Albert NALLET et Djoudi ATTOUMI
Conférence-Débat, Projections et séance dédicace.
De 20h à 22h – Entrée libre
Adresse : 41, rue des Olivettes à NANTES
contact : cercledumarronnage@gmail.com

 

Dédicace du livre collectif « A l’école en Algérie – des années 1930 à l’indépendance »

Samedi 17 mars au Salon du Livre de Paris de 15h à 17h sur le stand des éditions Bleu Autour (stand F 67) :

Dédicace du livre collectif « A l’école en Algérie – des années 1930 à l’indépendance » avec notamment Leïla Sebbar, Maïssa Bey, Yahia Belaskri, Jacques Frémeaux, Danielle Michel-Chiche, Areski Metref….

À travers ce livre, cinquante écrivains et intellectuels livrent un récit personnel de leur scolarité dans le système éducatif français. L’ouvrage montre que l’école de l’Algérie française coloniale fut un espace de normativité mais aussi un lieu d’ouverture à l’autre dans lequel les enseignants ont joué le rôle de passeur.

Un petit extrait de la contribution de Fatima Besnaci :
« A la rentrée de septembre 1960, j’empruntais pour la première fois le chemin de l’école, pour le plus grand bonheur de ma mère, consciente que s’offrait là une chance à son aînée…/…
Mon premier jour de classe a été un véritable événement familial. L’heure qui précédait mon départ eut une agitation de ruche. Tandis que ma mère tentait de démêler ma tignasse frisée tout en surveillant le petit déjeuner de mes trois petites sœurs…/…
Le trajet pour s’y rendre était des plus agréables. Cela commençait à l’entrée de notre maison, avec l’allée d’eucalyptus dont les feuilles chantaient, agitées par le vent marin. Puis, on passait devant le kiosque à musique au centre de la place principale, où les belles robes des roumias virevoltaient les jours de fête. Mais le plus joyeux sur ce trajet, c’était la complicité que j’éprouvais avec une bande de camarades, faite de fous rires, disputes, réconciliations inoubliables. C’est aussi avec ces camarades que je partageais les lectures à haute voix, les récitations, l’apprentissage des tables de multiplication, des leçons de morale, les jeux de récréation, comme les coups de règle sur les doigts sanctionnant une indiscipline. Je repense souvent à ce chemin que je parcourais, insouciante, alors que mon pays était en guerre…/… »