Mouloud Feraoun, Journal 1955-1962, Points 2678

Voici un témoignage qui a toute sa place dans les ressources d’un C.D.I. et que les enseignants peuvent utiliser en y sélectionnant des passages clefs.

L’auteur

Mouloud Feraoun est né en 1913 en Kabylie dans une famille pauvre. Boursier, il fréquente l’école primaire supérieure de Tizi Ouzou. En 1932, il est reçu au concours d’entrée de l’École Normale puis devient instituteur. Il publie son premier roman Le fils du pauvre en 1939. Il mène parallèlement sa carrière professionnelle en devenant directeur du cours complémentaire de Fort national et sa carrière d’écrivain en langue française. Il est proche d’Emmanuel Roblès et de Marcel Camus.

Pendant la guerre d’Algérie, il devient inspecteur des centres sociaux créés en 1955 à l’initiative de Germaine Tillion. Pétri de culture française et profondément attaché à la Kabylie, Mouloud Feraoun est déchiré par la guerre d’Algérie. Il finit par considérer l’inéluctabilité de l’indépendance algérienne. Son positionnement d’humaniste, d’homme modéré, lui attire l’hostilité des extrémistes tant algériens que français. Il est assassiné par un commando de l’O.A.S. le 15 mars 1962 en même temps que cinq de ses collègues des Centres Sociaux…

L’identité complexe de Mouloud Feraoun tient à son itinéraire personnel comme le souligne l’historienne Sylvie Thénault : « né en Kabylie et attaché à cette terre, il connaît une promotion sociale grâce à la France, puissance coloniale, qui applaudit ses romans et meurt assassiné par l’O.A.S, hostile à l’indépendance algérienne. Il est donc lié à la fois à la Kabylie, à la France et à l’Algérie ».

Le journal

Son journal, tenu de 1955 à 1962, couvre l’essentiel de la guerre d’Algérie. Il sera publié à titre posthume. Il décrit les violences du conflit qu’elles émanent de l’armée française (torture, viols…) ou du F.L.N (exécutions, mutilations…). Mouloud Feraoun est lui-même menacé par les deux camps.

Son lent cheminement vers l’espoir indépendantiste ne s’accompagne pas d’une grande sympathie pour le F.L.N. dont le terrorisme sur la population algérienne est souligné. Son journal est donc une chronique minutieuse des effets de la guerre sur une population prise entre deux feux. Il décrit à la loupe le quotidien d’un village et de ses habitants et s’apparente, dans sa démarche, à la micro-histoire. C’est une immersion dans la complexité et la violence de la guerre d’Algérie.

Fiche réalisée par Claude Basuyau

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