L’OAS, l’Education nationale et la République

Le 4 mars 1962, Paris et Tunis publient un communiqué annonçant l’ouverture de négociations pour mettre un terme au conflit qui dure en Algérie depuis plus de sept ans.
Immédiatement, l’OAS manifeste sa criminelle détermination à empêcher tout accord et, dans la nuit du 4 au 5 mars, 130 explosions de plastic résonnent dans la nuit d’Alger causant d’importants dégâts.
« Le 14 mars, on crut à la signature des accords pour le lendemain ».
Le 15, vingt heures durant, obstinée à continuer la guerre, l’OAS se livre à une série ininterrompue d’attentats individuels et collectifs dans Alger.
A Ben Aknoun, sur les hauteurs de la ville, un attentat prémédité et professionnellement préparé va se produire au lieu-dit Château-royal, un ensemble de bâtiments appartenant à l’Education nationale : l’Ecole normale de jeunes-filles, l’inspection académique des Oasis et de la Saoura, des logements d’enseignants et les bureaux administratifs des Centres sociaux éducatifs, où se déroule une réunion de ses responsables venus de plusieurs départements.
A 10 h 30, un commando de tueurs surarmés investissent les locaux, certains neutralisent le personnel, d’autres détruisent le standard téléphonique, tandis que trois individus surgissent dans la salle de réunion, font l’appel des noms inscrits sur une petite feuille de papier et conduisent les six enseignants ainsi appelés à l’extérieur, les alignent dos au mur où ils sont abattus au fusil-mitrailleur AA 52 et au pistolet automatique.
Les six victimes sont les principaux dirigeants des Centres sociaux éducatifs, créés en 1955 par la déportée résistante Germaine Tillion. Pour François Mauriac, ils méritent le titre d’hommes de bien et s’appellent Marcel Basset, Robert Eymard, Mouloud Feraoun, Ali Hammoutène, Max Marchand, Salah Ould Aoudia.
Pourquoi l’OAS a choisi six fonctionnaires de l’Education nationale comme victimes d’un crime froidement conçu ? Les Centres donnaient, aux enfants garçons et filles issus des populations défavorisées, une formation en français conçue pour déboucher sur l’échelle scolaire. Ils offraient aux adultes, hommes et femmes, un enseignement de base en français, des conseillers sociaux, un dispensaire, les moyens d’acquérir un métier, etc.
On pourrait donc imaginer que des gens hostiles à l’instruction française puissent être les auteurs de ce forfait. Mais, aussi aberrant que cela soit, ce sont les partisans les plus acharnés de l’Algérie française qui, par calculs, « pensaient » empêcher le rétablissement de la paix en liquidant six enseignants.
Plus tard, lorsque l’indépendance apparut comme inéluctable, les mêmes extrémistes décidèrent alors d’appliquer la « politique de la terre brûlée » : des dizaines d’écoles furent détruites et la bibliothèque de l’Université d’Alger, un fleuron de la culture, incendiée.

C’est une stratégie différente qui a « justifié », aux yeux de l’OAS, l’assassinat du commissaire Roger Gavoury, le 31 mai 1961. En effet, les cibles privilégiées de l’organisation terroriste étaient les défenseurs de la République et de nombreux assassinats furent commis sur des Gardes mobiles, les Compagnies républicaines de sécurité, une centaine de fonctionnaires de police ont été abattus dont quatre commissaires, ainsi que des militaires de tout grade.
Roger Gavoury, commissaire divisionnaire de la sûreté nationale et commissaire Central du Grand Alger, fut le premier fonctionnaire de l’Etat à tomber sous les coups de l’OAS : il sera mal poignardé par des légionnaires déserteurs introduits dans son domicile.

L’OAS n’aura pas pu empêcher l’indépendance de l’Algérie dans une relation fraternelle avec la France. Mais l’épreuve infligée aux Algériens et aux Français, avec ces crimes innombrables, ininterrompus, commis chaque jour pendant des semaines et des mois, selon un plan préconçu et après réflexion, aura finalement pour seul résultat tangible : le douloureux départ des pieds-noirs d’une Algérie qu’ils aimaient, et le chagrin des descendants des victimes d’assassinats aussi abjects qu’inutiles.

Jean-Philippe Ould Aoudia
Président de l’association Les Amis de Max Marchand, de Mouloud Feraoun et de leurs Compagnons

Actualité de la guerre d’Algérie – Affaire Audin : le témoignage qui relance l’exigence de vérité

 

 

Une conférence de presse a lieu ce mercredi à l’Assemblée pour réclamer la reconnaissance du crime d’État.

«  Je crois que c’est moi qui ai enterré le corps de Maurice Audin. » Jacques Jubier (1) a la voix un peu tremblante. Il hésite, regarde autour de lui. Mais il veut témoigner. Comme près de deux millions d’appelés, il avait préféré oublier, se taire « pour protéger (sa) famille ». Et puis, le temps a fait son œuvre. Et la peur de « représailles » de la Grande Muette s’est dissipée. C’est l’entretien publié dans nos colonnes, le 28 janvier, avec le mathématicien Cédric Villani qui l’a convaincu. Si un député de la majorité est déterminé à faire reconnaître la responsabilité de l’État français dans l’assassinat, en juin 1957, du jeune mathématicien communiste Maurice Audin, c’est que les langues peuvent commencer à se délier… Et l’exigence d’une reconnaissance de ce crime d’État, bientôt aboutir. Avec « l’affaire » Maurice Audin, c’est la pratique généralisée de la torture pendant la guerre d’Algérie qui refait surface. Une sauvagerie institutionnalisée, dont le refoulement a rongé comme une gangrène la société française. Mais les mécanismes de fabrication de l’oubli finissent toujours par céder. Ce nouveau témoignage en est la preuve.

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Actualité de la guerre d’Algérie

8 février 2018, anniversaire du massacre au métro Charonne

 

 

Au début de l ‘année 1962, l’OAS multiplie les attentats terroristes dans Paris. Le 7 février une vague d’explosions vise les domiciles de Roger Pinto et de Georges Vedel, professeurs de droit, Serge Bromberger, journaliste au Figaro, Vladimir Pozner, écrivain et journaliste, le sénateur communiste Raymond Guyot, et André Malraux, ministre du général de Gaulle. Plusieurs blessés graves sont à déplorer notamment la petite Delphine Renard qui a ému la France entière.

Le 8 février un collectif de syndicats et associations (CGT, CFTC, UNEF, SGEN, FEN et SNI), de partis politiques (PCF, JC, PSU) ainsi que le Mouvement pour la Paix, considérant que « la preuve est faite que les antifascistes ne peuvent compter que sur leurs forces, sur leur union , sur leur action » appelle à manifester contre la violence de l’OAS.

Malgré l’interdiction de la manifestation par le préfet de police de Paris, Maurice Papon, les cortèges se forment vers 18 h. Au niveau du 200 boulevard Voltaire, la police charge violemment. Les manifestants tentent de s’enfuir en direction de la station de Métro Charonne. Les policiers jettent des grilles d’arbres et d’aération de métro contre les manifestants réfugiés dans l’accès du Métro. Le bilan est lourd 9 morts :

– Jean Pierre Bernard 30 ans dessinateur

– Fanny Dewerpe 31 ans, secrétaire

– Daniel Fery 15 ans, apprenti

– Anne Claude Godeau 24 ans, employé PTT

– Edouard Lemarchand 41 ans, menuisier

– Suzanne Martorell 36 ans, employée à l’Humanité

– Hippolyte Rina 58 ans, maçon

– Maurice Pochard 48 ans meurt des suites de ses blessures 3 mois plus tard

– Raymond Wintegens 44 ans, typographe

Des centaines de blessés sont aussi à déplorer.

Ce jour là Maurice Papon a manqué gravement aux valeurs de la République qu’il était censé garantir.

Le massacre de Charonne est la preuve que la confiance que nous devons avoir dans nos forces de l’ordre tient à l’application stricte et permanente de l’article 12 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen : «  La garantie des droits de l’Homme et du Citoyen nécessite une force publique, cette force est donc instituée pour l’avantage de tous, et non pour l’utilité particulière de ceux auxquels elle est confiée »

La population française est largement choquée par ce déchaînement de répression et de violence : plusieurs centaines de milliers de personnes assistèrent aux funérailles des victimes le 13 février au cimetière du Père Lachaise.

 

Rendez-vous commémoratifs :

8 février 2018
Rdv 11h30 métro Charonne
Rdv 13h00 cimetière du Père Lachaise

 

Actualité de l’E.N.G.A.

Communiqué du 6 février 2018

 

Le Conseil Scientifique de l’Espace National Guerre d’Algérie s’est réuni le lundi 5 février 2018 au siège du service départemental de l’ONACVG de Paris.

Il a d’abord fait le bilan du colloque inaugural organisé à l’Hôtel de Ville de Paris le mercredi 20 décembre 2017, en présence d’un diplomate de l’ambassade d’Algérie, de plusieurs responsables d’associations du Monde Combattant et d’étudiants et lycéens intéressés par ce conflit.

Il a permis à un public nombreux et varié, représentatif de toutes les parties concernées, d’échanger sur différents aspects de la guerre d’Algérie à l’issue de plusieurs interventions de comédiens, de chercheurs et d’historiens, parmi lesquels on a pu noter la présence de Benjamin Stora.

Le Conseil constate que cet évènement correspondait parfaitement au but que s’est fixé l’association, à savoir la libre expression de toutes les mémoires de la guerre d’Algérie, sans exception.

En raison du plein succès de cette première assemblée, il a décidé d’affiner l’organisation interne de l’Espace et d’élaborer un programme de manifestations pour l’année en cours, afin de souligner les dates d’évènements qui ont eu une incidence marquante sur le déroulement du conflit, tant en France qu’en Algérie.

Jean-Louis Cerceau, Responsable relations publiques

 

Actualité de l’E.N.G.A.

Retour sur le colloque inaugural 20 12 2017

 

Le mercredi 20 décembre 2017, l’auditorium de l’Hôtel de Ville de Paris a reçu le colloque inaugural de l’Espace National Guerre d’Algérie – ENGA.

L’’ENGA, qui se veut indépendant de toute autre structure associative, a pour vocation d’être un lieu de réflexion et d’échanges rassemblant les différentes mémoires de la guerre d’Algérie.

En la circonstance, il a eu l’occasion de réunir un public d’origines très variées, combattants des deux camps, historiens, chercheurs, enseignants, comédiens, étudiants et lycéens avec, en perspective, la recherche et la transmission d’une histoire aussi objective que possible.

C’est ainsi qu’on pouvait noter la présence de Benjamin STORA, Tramor QUEMENEUR, Raphaëlle BRANCHE Historiens, Jean-Philippe OULD AOUDIA, Président de l’Association des Amis de Max Marchand et Mouloud FERAOUN, Serge BARCELLINI, Président Général du Souvenir Français et notamment celles de Messieurs Saïd MOUSSI et Ferhat BENGAHLA, représentant l’Ambassade d’Algérie à Paris, qui avaient bien voulu accepter l’invitation et participer activement aux débats qui ont suivi les exposés proposés sur différents thèmes.

D’autres réunions sont programmées pour poursuivre et compléter ces premiers travaux qui constituent une grande première dans la recherche de la vérité historique de ce conflit.

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